Chantal Cutajar, Présidente de CAP21-LRC, adresse une lettre ouverte au député Emmanuel Fernandes et répond à sa publication
À l’approche du 6ᵉ anniversaire de l’attentat tragique qui a endeuillé Strasbourg le 11 décembre 2018, CAP21-LRC, par la voix de sa présidente Chantal Cutajar, a souhaité interpeller Emmanuel Fernandes, député de la seconde circonscription de Strasbourg, suite à sa signature de la proposition de loi visant à abroger le délit d’apologie du terrorisme.
Dans une lettre ouverte, nous avons exprimé notre incompréhension et notre opposition face à cette initiative, qui affaiblirait dangereusement notre cadre juridique dans la lutte contre la radicalisation et la propagande terroriste.
Monsieur Fernandes a répondu à notre courrier. Toutefois, il a choisi de publier sa réponse sur son compte Twitter, sans nous la transmettre directement, ce que nous regrettons profondément.
Nous invitons chaque citoyen à prendre connaissance de ces échanges et à se saisir de ce débat, car il concerne la sécurité de tous et la cohésion de notre société face aux menaces de la radicalisation.
Monsieur le Député,
À l’approche du 6ème anniversaire de l’attentat qui a endeuillé Strasbourg le 11 décembre 2018,
notre ville s’apprête à honorer la mémoire des victimes de cet acte terroriste. Ces
commémorations, profondément ancrées dans la conscience collective des Strasbourgeoises et
des Strasbourgeois, sont l’occasion de réaffirmer notre attachement aux valeurs républicaines
et à la protection de nos concitoyens face aux menaces de la radicalisation et de la violence.
Dans ce contexte si particulier, nous avons appris avec stupeur que vous avez signé la
proposition de loi de votre groupe parlementaire, La France Insoumise-Le Nouveau-Front
Populaire visant à abroger le délit d’apologie du terrorisme. Cette initiative, portée par votre
collègue Ugo Bernalicis, suscite une profonde incompréhension, non seulement au niveau
national, mais tout particulièrement ici, à Strasbourg, une ville marquée à jamais par la barbarie
terroriste.
Comment, Monsieur le Député, pouvez-vous soutenir une telle proposition alors même que les
Strasbourgeois s’apprêtent à rendre hommage aux vies brisées par le terrorisme ? Cette
démarche, sous prétexte de défendre une conception absolutiste de la liberté d’expression,
semble méconnaître les réalités sécuritaires et sociales auxquelles notre pays est confronté.
Le délit d’apologie du terrorisme, instauré par la loi du 13 novembre 2014, n’est pas une atteinte
à la liberté d’expression. C’est un rempart essentiel contre les discours qui banalisent ou
légitiment des actes de violence extrême. Les organisations terroristes, qu’elles soient locales
ou internationales, utilisent ces discours comme des armes pour recruter, radicaliser et diviser
notre société. Strasbourg, en tant que capitale européenne et carrefour de cultures, reste une
cible symbolique et vulnérable face à ces menaces.
En tant qu’élue de Strasbourg, j’ai eu l’honneur de servir cette ville en qualité d’adjointe au
maire en charge de la prévention de la radicalisation et de l’aide aux victimes du terrorisme, y
compris au moment de l’attentat de 2018. J’ai vu de près les ravages causés par ces actes
barbares, et j’ai pu mesurer à quel point les discours d’apologie du terrorisme contribuent à
normaliser l’inacceptable.
Supprimer ce délit reviendrait à envoyer un signal désastreux aux victimes et à leurs familles,
mais aussi à tous ceux qui, chaque jour, s’efforcent de protéger nos concitoyens contre les
discours de haine et de violence. Cela reviendrait également à désarmer notre République face
à des menaces qui restent bien réelles.
Monsieur le Député, votre engagement dans cette proposition de loi est d’autant plus
incompréhensible que Strasbourg a été directement frappée par la barbarie terroriste. Comment
expliquer aux Strasbourgeois que leur député soutient une initiative qui affaiblirait les outils
juridiques permettant de lutter contre les discours justifiant ou glorifiant de tels actes ?
Je vous invite à reconsidérer votre position. En tant que représentant de la seconde
circonscription de Strasbourg, il est de votre responsabilité de défendre les valeurs de notre
République, de soutenir les victimes et leurs familles, et de contribuer à préserver la sécurité de
nos concitoyens.
Le 11 décembre prochain, Strasbourg se souviendra. Ce jour-là, j’espère que vous serez aux
côtés des victimes, non seulement en paroles, mais aussi dans vos choix politiques. En retirant
votre soutien à cette proposition de loi, vous enverrez un signal fort : celui d’un élu pleinement
conscient des enjeux qui touchent notre territoire et engagé à défendre la sécurité et la dignité
de ses habitants.
Dans l’attente de votre réponse, je vous prie d’agréer, Monsieur le Député, l’expression de mes
salutations républicaines.
Chantal Cutajar
Présidente de Citoyens engagés pour Strasbourg et de CAP21-LRC
Ancienne adjointe au maire de Strasbourg en charge de la prévention de la radicalisation et de
l’aide aux victimes du terrorisme (2014-2020)
Strasbourg le 25 novembre 24
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