Monsieur Philippe BIZIEN, 
CAP21-LRC, parti politique écologiste vous envoie cette lettre ouverte.
Nous souhaitons examiner avec vous plusieurs questions. Vous savez certainement que l’agrandissement de votre porcherie située à Landunvez ne suscite pas l’enthousiasme de tous. Pollution avérée, odeurs nauséabondes, plage interdite à la baignade, etc. 
La France compte environ 14 000 élevages de porcs, conduits par des femmes et des hommes engagés envers leur métier. Nous ne doutons à CAP21 que vous êtes également passionné par votre métier.
Les élevages français appartiennent principalement aux éleveurs, et non à des sociétés privées comme c’est couramment le cas en Espagne ou aux Etats-Unis. 
Cette particularité française explique que les éleveurs ont le souci d’une vision à long terme de leur activité avec un attachement fort au territoire. Ainsi, la taille des élevages de porcs français reste à taille humaine. 
Ces fermes, avec une capacité moyenne de 190 truies, produisent près de 4 700 porcs par an. À la ferme Avel Vor, vous élevez 26 000 porcs par an ce qui correspond à cinq fois la taille d’une porcherie hexagonale moyenne. Au regard de l’écologie, c’est un problème, vous ne pouvez en disconvenir. 
À CAP21, nous ne nous situons, ni à gauche, ni à droite, nous prônons une écologie pragmatique qui cherche à allier écologie et développement économique responsable. 
Nous comprenons que l’agrandissement de votre activité principale est, pour un entrepreneur prévoyant, une nécessité économique. Nous avons appris que vous achetez d’autres fermes pour vous étendre, à la manière du « Monopoly », terme employé lors de nos échanges avec différents intervenants.
Concernant la gestion du lisier, lors de nos recherches, nous avons identifié plusieurs entreprises qui valorisent le lisier de porc par la méthanisation. À titre d’exemple « Gaz de Ferme », une start-up crée en 2016 au cœur des Pyrénées, a breveté une technologie innovante qui permet de séparer efficacement et de manière écologique le méthane et le dioxyde de carbone issus de la fermentation
de matières organiques. L’entreprise clôture le 31 octobre 2022 une campagne de financement participatif qui lui a déjà permis de collecter près de 300 000 euros par 500 investisseurs.
De plus, le fort développement des capacités de méthanisation en France crée une
compétition inédite pour l’approvisionnement en déchets issus de l’agriculture et de l’industrie agroalimentaire. Par exemple, « les déchets issus de céréales ne coûtaient rien il y a quelques années. Il faut désormais compter autour de 60 euros la tonne », illustre Céline Laboubée, cheffe de projet bioénergies chez Solagro, association dédiée à la transition du monde agricole.
La hausse des prix sur les déchets de l’ensemble de la chaîne agroalimentaire est généralisée. « Le facteur majeur de hausse du prix de la matière tient à l’arrivée massive de nouveaux méthaniseurs sur le marché », analyse Louis Baillet, directeur stratégie de la division organique de Suez, qui se fait aussi l’écho d’inflations importantes sur les déchets de l’agroalimentaire.
Nous nous permettons de vous rappeler que la ferme Avel Vor produit en effet plus de 60 tonnes de lisier par jour. La conjecture est telle qu’un investisseur qui implémente des méthaniseurs dans ses fermes serait à même d’attirer des financements pour l’épauler dans cette démarche. La méthanisation permettra de valoriser le lisier en tant que source de revenus supplémentaires pour l’exploitant.
Le lisier (déjections des porcs) et le fumier (déjections et paille) sont des engrais naturels contenant les principaux éléments nutritifs dont une plante a besoin pour se développer. Leur épandage permet de fertiliser les cultures et est l’alternative naturelle à l’utilisation d’engrais chimiques. Mais l’épandage ultra localisé a l’effet inverse, au lieu d’être un fertilisant, ça devient un polluant des nappes phréatique.
Le surplus de lisier dé-méthanisé pourrait être épandu dans les forêts. Plutôt que le lisier soit déversé dans les rivières et affluents, il serait grandement temps de sérieusement se pencher sur cette problématique dramatique pour l’environnement.
Nous espérons vraiment vous avoir convaincu que développement économique, peut s’allier avec développement écologique.
Bien cordialement.

A faire savoir

Une bonne nouvelle; la justice se réveille !